mercredi 21 novembre 2007

L’évolution des banlieues

Par Pierre-Alexandre Lessard

À prime abord, les banlieues étaient destinées à un usage de l’élite bourgeoise pour sortir de la ville, alors perçue à l’époque comme pervertie et tordue. L’accès simplifié et universel à l’automobile et au crédit viendront bouleverser ce rapport. Les banlieues se développèrent exponentiellement dans les années d’après guerre et les acteurs de celles-ci changèrent rapidement pour ce que nous appelons aujourd’hui la classe moyenne. Cela eu pour effet de développer un système d’infrastructures, de services et de commerces de proximité pour supporter cet exode massif de la ville vers la banlieue. Ce système commercial deviendra vite désuet et sera remplacé par les centres commerciaux modernes.

Laval est l’exemple prime de cette évolution. Si nous regardons Laval de nos jours, il est difficile de s’imaginer que quarante ans plutôt, la majorité des terres sur lesquelles sont bâtis les monstres de bétons et ces infrastructures étaient à usage agricole. Ses voies larges, destinées à mener à bon port (aux commerces) les automobilistes, la présence accrue de commerces et de services ainsi que le médiocre service de transport en commun nous prouvent que cette ville a été construite sous le regard de l’individualisme. Les banlieues modernes sont, pour la plupart, maintenant indépendantes à 100%, abritant aussi les entreprises qui fournissent l’emploi à la population.

Si nous considérons tous ces facteurs, il est maintenant possible de caractériser ces agglomérations en tant que villes. Cependant, si nous comparons celles-ci avec les villes anciennes, soit les métropoles, il est perturbant de remarquer le manque d’une « cathédrale » culturelle ou historique; c’est-à-dire une forme, un bâtiment, un espace représentatif de la ville. La plupart des villes modernes évoluées des banlieues mettent leurs centres d’achats, leurs « SmartCenter! » et leurs quartiers commerciaux au premier plan pour attirer les gens. De plus, ces nouvelles villes, bâties sous le regard menaçant de l’individualisme, sont démunies d’une architecture commune qui caractérise et donne un style, une âme à la ville.

Pour conclure, il est de mise de se demander : est-ce que les banlieues modernes sont donc des échecs ? Du côté pratique non, car celles-ci répondent aux besoins en habitation et services de ces habitants, et entretiennent les rapports avec leurs métropoles. Cependant, ces villes manquent d’âme et ne pourraient pas être considérées sur le plan international, du moins pas si elles continuent de s’étendre de cette façon.

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